Voie romaine
Le chemin Boisné : de MEDIOLANVM (Saintes) à VESUNNA (Périgueux)
Le chemin Boisné est une importante voie romaine reliant Mediolanum (Saintes) à Vesunna (Périgueux). Sa construction aurait été entreprise dès le règne d'Auguste et poursuivie au IIème siècle pour relier Saintes à la province de la Narbonnaise. La route reprend probablement le tracé d'une voie gauloise préexistante. Elle figure sur la Table de Peutinger. Cette voie porte le numéro VR 28 dans la numérotation des voies romaines fançaises. Les plus anciennes traces écrites du nom de cette route remonte au XIIIe siècle, "Boisné" "boine" "boisne" viendrait de "borne" "borné", peut-être en référence aux bornes milliaires.
Par Romain CHARRIER - Publié le 28 juin 2017
Extrait de la Table de Peutinger - Tracé de MEDIOLANVM à VESUNNA
Tracé du Chemin Boisné entre la Charente-Maritime et la Dordogne
Son parcours de 140 km traverse les trois départements de la Charente-Maritime, la Charente et la Dordogne. Il part de Saintes en longeant la Charente par Courcoury, Rouffiac, Brives-sur-Charente, Salignac-sur-Charente, traverse la base aérienne au sud de Cognac. Le chemin passe à Gensac-la-Pallue, Mainxe, Bouteville, Chateauneuf-sur-Charente, traverse la N10, passe à une quinzaine de kilomètres au sud d'Angoulème et arrive à Villebois-Lavalette. Il sort du département de la Charente en traversant la Lizonne à gué sur la commune de Champagne-et-Fontaine, suit le tracé des routes D2 et D106 jusqu'à Creyssac via la Tour Blanche, le chemin traverse le Dronne au Pont-d'Ambon, passe au sud de Bussac, traverse Chancelade et arrive à Périgueux par le quartier du Toulon.
Les bornes milliaires
Une borne milliaire est une colonne cylindrique avec une base cubique taillée dans le calcaire ou la pierre locale. Elles pouvaient mesurer jusqu’à 2 mètres de hauteur, socle compris, pour un diamètre de plus ou moins 50 cm. C’est pour se repérer dans l'espace que les romains érigèrent ces bornes le long des voies romaines balisant la route. L’unité de mesure était le mille romain (mille qui donnera le nom de milliaire), correspondant à 1000 pas (double pas en réalité), soit 1,48km, mais pouvait dans certaines provinces comme dans la Gaule de l’ouest être la leuga (lieue gauloise).
Elles portaient des inscriptions indiquant la distance jusqu'à la prochaine étape comme sur des panneaux routiers. On pouvait en trouver à un carrefour, aux entrées et sorties d’agglomérations, près d’un pont, au passage d’un gué et à la limite d’un pagus.
Il a été découvert plusieurs bornes milliaires supposées sur le chemin Boisné :
► “La grande borne” au sud de Cognac entre La Frenade et la base aérienne. C’est près de là que la voie passe le ruisseau Le Né probablement à gué. Ce sont des érudits du XIXe (Bourignon, Marvaud) qui ont interprété ce monolithe comme étant une borne milliaire, mais cette borne a aujourd’hui disparue et cette interprétation reste a prendre avec prudence.
► La “Borne du Toulon” découverte au XVIIIe siècle à proximité de la source du ruisseau du Toulon et de la voie antique près de l’entrée de la cité de Vesunna. Son emplacement serait celui de la première lieue romaine (unité de distance = 2222 mètres) depuis le sanctuaire et le temple dédié à Vesunna (dont il reste les vestiges à Périgueux, la Tour de Vésone). La borne est exposée au musée gallo-romain de Périgueux.
► la “Borne de Chadenac”, aujourd’hui exposée dans le cimetière du village de Chadenac, est située à 1,5 km de la voie romaine Pons/Guimps, une route antique qui est une variante du chemin Boisné se dirigeant également vers Périgueux via Pons et Guimps. Cette borne est précisément datée de 45-46 de notre ère (Empereur Claude) grâce à ses inscriptions et serait la plus ancienne connue dans l'ouest de la Gaule. Elle a été découverte au XIXe siècle lors des fouilles d’un cimetière du Haut-Moyen-Age. Elle a été creusée pour être remployée en sarcophage.
► Une quatrième borne milliaire aurait été mise au jour dans la commune d’Eraville en Charente, mais il n'y en a aucune trace archéologique.
Les étapes sur les voies romaines
Sur la carte de Peutinger sont notées deux mansions (station d'hébergement, relais étape antique) sur la voie entre Mediolanum et Vesunna : Condate et Sarrum.
Condate correspondrait au secteur de Cognac, une hypothèse place la localité à Merpins un peu en retrait de la voie, une autre la place à La Frénade, au croisement de la voie avec le ruisseau le Né. Condate est un toponyme d'origine gauloise désignant la confluence de deux cours d'eau. C'est face au promontoire rocheux du Vieux Merpins que le ruisseau le Né se jette dans le fleuve Charente. Le site du Vieux Merpins aurait été un oppidum Gaulois et un port saunier antique. Une nécropole protohistorique à fossés circulaires et de nombreux vestiges gallo-romains ont été découverts dans ce secteur. On peut imaginer une corrélation entre le transport fluvial des marchandises sur la Charente et par la voie romaine toute proche.
La seconde mansio est Sarrum que les archéologues situent en Charente entre Charmant et Villebois-Lavalette. De nombreux vestiges gallo-romains (mobilier archéologique) ont été découverts dans ce secteur sans arriver à situer la localité avec précision.
Publicité, cliquez pour faire vivre le site :
Romain CHARRIER - 28 juin 2017
Sources : Bulletin de la Société d'archéologie et d'histoire de la Charente-Maritime - 1998
Christian Vernou, La Charente, Maison des Sciences de l'Homme, Paris, coll. « Carte archéologique de la Gaule », 1993
Marcel PRADE ingénieur général honoraire des Ponts et Chaussées
http://www.lajauneetlarouge.com/article/histoire-du-chemin-boisne#.WVMn21FpyM8
http://itineraires-romains-en-france.pagesperso-orange.fr/templates/vr28.htm
Publicité, cliquez pour faire vivre le site :
Ce blog est un média dédié à l'histoire de MEDIOLANVM (nom antique de Saintes), à l'actualité archéologique en Saintonge (et parfois au-delà) et de son peuple celte les SANTONES. Je ne suis ni archéologue, ni historien, juste un amateur passionné par ces sujets, vice-président de la Société d'archéologie et d'histoire de la Charente-Maritime. Les informations de ce site sont tirées d'ouvrages, de rapports de fouilles, de communiqués de presse, de conférences, de visites de chantiers archéologiques, de rencontres et d'entretiens avec des spécialistes.
Actualité
- Restauration de l'amphithéâtre : des retards qui se cumulent
- Bongraine : de l'âge du Fer sous un dépôt ferroviaire
- Epona, une déesse celtique dans les Charentes
- Un livre inédit sur les voies romaines de Saintonge
- Royan : la ligne de défense allemande étudiée à Belmont
- Appel à témoin pour un livre sur les fêtes des arènes
- Deux décennies de fouilles à Saintes
- VIVA SAINTES FESTIVAL, le retour des fêtes romaines
- Une ferme protohistorique à Chaniers
- Une occupation de l'âge du fer sous un dépôt ferroviaire
- Amphithéâtre de Saintes : Deux ans de chantier pour consolider et assainir
- Une vaste nécropole mérovingienne sous la commune de Rom (79)
- Fouilles sous la Tour Maubergeon à Poitiers
- Valorisation des aqueducs : une livraison espérée pour l'été prochain
- Reconstitution d'une barque mérovingienne
- Amphithéâtre, des sondages qui bouleversent les connaissances
- Regain d’intérêt pour les thermes de Saintes
- Casques de gladiateurs à Poitiers
- Les sondages d'Eveha en 2017
- Fouilles amphithéâtre du SAD17
- Restauration de l'amphithéâtre
- Valorisation des aqueducs, les travaux avancent
- Quand Néandertal cuisinait du renne
- Saintes vers 1690, par Jean-Claude GOLVIN
- Fouilles de La Providence, toute l’histoire de Saintes sur un chantier majeur
- Le SAD17 au pied de nos églises
- Epaves de Courbiac, les fouilles s'accélèrent
- Camille de La Croix, Père de l'archéologie régionale
- Conférence de Louis Maurin 2
- Conférence de Louis Maurin 1