Le Carrefour routier stratégique
L’importance d’Aunedonnacum en tant que station militaire est doublement confortée par son rôle de carrefour de voies impériales. Celles-ci sont largement attestées à l’époque gallo-romaine où le nom de ce vicus apparaît sur les cartes routières de l’époque. Ainsi, le nom d’Aunedonnaccum figure-t-il dans l'itinéraire d'Antonin et il paraît sous une orthographe légèrement modifiée sous le nom d’Auedonnaco sur la Table de Peutinger.
Ceci démontre qu’il s’agissait d’une cité gallo-romaine très fréquentée, étant tout d’abord située sur l'importante voie romaine impériale entre Mediolanum et Limonum (Saintes/Poitiers), édifiée pendant le principat d'Auguste, et entre Mediolanum et Lugdunum via Augustoritum (Saintes/Lyon via Limoges) avant qu'une voie plus directe, la via d'Agrippa, ne soit tracée. Cette dernière sera en effet construite pour relier directement Lugdunum à Mediolanum (Lyon à Saintes) dans la première partie du premier siècle, en mémoire d’Agrippa, corégent de la Gaule et gendre d’Auguste. Cette nouvelle voie délaissera alors le camp romain d’Aunedonnacum, surtout après sa fermeture en 43 après notre ère. La voie d'Agrippa fut achevée en 18 ou 19 après notre ère lors de l'inauguration du célèbre Arc de Germanicus à Mediolanum.
Le rôle de carrefour routier d'Aunedonnacum fut maintenu pendant le Haut Empire romain, mais seule la voie Saintes-Poitiers garda une réelle importance dans la suite des temps, notamment au Moyen-Âge, étant connue par les habitants de la région comme le chemin des Romains.
Si il est avéré aujourd'hui que le camp militaire d'Aulnay voisinait avec une communauté d'indigènes, Aunedonnacum devint dès lors un lieu de foires et de marchés que facilitait grandement son rôle de carrefour routier qui, plus est, était situé au cœur d'une région agricole et forestière aux productions variées. Il est aisé d'y voir un lieu de rassemblement à la frontière des deux peuples celtes, dont à l'époque gallo-romaine, des foires périodiques assuraient l'animation et la prospérité. Cette fonction commerciale est renforcée par le rôle religieux que le vicus développe dès cette époque. En effet, la présence d'un très grand temple au plan centré caractéristique, au cœur du vicus, faisait d'Aunedonnacum un centre cultuel et spirituel déjà très fréquenté, préludant les grands pèlerinages du Moyen Âge et la magnifique église romane actuelle.
Organisé en vicus (petite ville avec alignement de maisons), Aunedonnacum est en effet pourvu d’un temple gallo-romain octogonal, un fanum, situé à l’intersection des routes selon les règles urbanistiques des Romains et qui se retrouvent dans toutes les cités gallo-romaines de la Civitas Santonum comme à Mediolanum, Novioregum, Pons. La photographie aérienne de 1976 a révélé l'existence de ce fanum monumental à cella polygonale et péribole et à galerie octogonale, dont les fouilles archéologiques se sont poursuivies jusqu'en 2007.
Informations tirées des ouvrages de Louis Maurin :
« Des origines à la fin du VIe siècle après J.-C. », dans Jean Glénisson (Ouvrage collectif sous la direction de), Histoire de l'Aunis et de la Saintonge, vol. I, Geste Éditions
« L'époque gallo-romaine », dans Jean Combes (Ouvrage collectif sous la direction de), La Charente-Maritime : L'Aunis et la Saintonge des origines à nos jours, éditions Bordessoules, 1981, p. 40-100
Photos aériennes de Jacques Dassié http://www.archaero.com/archeo21.htm
http://www.valsdesaintonge-sig.org/data/data/document/patrimoine/aulnay/IA17035647_fiche.html
http://www.valsdesaintonge-sig.org/data/data/document/patrimoine/aulnay/IA17036409_fiche.html
http://www.histoirepassion.eu/?Aulnay-17-Chantier-de-fouilles-archeologiques-Juillet-2007
https://fr.wikipedia.org/wiki/Aunedonnacum