Sites archéologiques
Les fermes saunières en pays Santon
C'était l'une des richesses des Santons pendant l'indépendance gauloise, les fermes gauloises qui exploitaient le sel recouvraient l'ancien littoral du golfe marin des Santons, de la presqu'île d'Arvert jusqu'aux actuels marais de Muron. Elles sont des dizaines à avoir été mises au jour. D'autres fermes recouvraient également le littoral du golfe des Pictons plus au nord. C'est l'une de ces fermes fortifiée que l'INRAP a fouillé en 2012.
Par Romain CHARRIER - Publié le 25 décembre 2013
Fouilles d'une ferme gauloise fortifiée d'un maître à sel à Andilly 17230 par l'INRAP en 2012 - © Photo M. Bernard, Ecav'aviation
La ferme fortifiée d'un Maître du sel
Cette ferme gauloise est circonscrite par un double fossé trapézoïdal et date de la période comprise entre 200 et 50 avant notre ère. Elle est délimitée par deux enclos fossoyés imbriqués et séparés par un talus aujourd’hui disparu mais dont les traces sont perceptibles dans le comblement des fossés. L’espace ainsi fortifié s’étend sur un peu plus de 5 000 m² et représente le centre d’une exploitation rayonnant sur un domaine.
L’entrée, à l’ouest, est marquée par une tour-porche et une passerelle qui enjambe l’enclos externe. Elle permettait l’accès à la résidence principale, construite en bois et en torchis, et dont au moins deux états sont identifiables. Un puits est localisé dans l’angle nord-est. Il ferait, selon les estimations actuelles, une dizaine de mètres de profondeur.
À l’extérieur de l’enclos, au moins trois bâtiments annexes ont été reconnus. Le type de mobilier découvert permet de déduire que les occupants avaient des activités domestiques, agricoles et saunières. Le sel constituait une des richesses majeures de ce terroir à cette période.
Ce site se trouve dans l'Aunis, en bordure de l'ancien golfe des Pictons où de très nombreux sites d'enceintes, d'habitats et de nécropoles ont été reconnus par photographie aérienne ou par prospection mécanique et pédestre. Ils sont attribuables à une période qui s'étend du Néolithique à la Protohistoire.
L'exploitation du sel à la période gauloise
Les archéologues désignent aussi par « sauniers » les personnes ou groupes de personnes qui, à la préhistoire ou à la période protohistorique, travaillaient dans les sauneries littorales à produire des « pains de sels » en évaporant de l'eau de mer sur des feux de bois (sel dit ignigène, par opposition au sel venant des marais salants, produit plus au sud). Ce sel servait notamment à saler et conserver des poissons et des viandes.
Avant la conquête romaine vers le milieu du Ier siècle avant notre ère, les Celtes s'étaient déjà bien implantés sur les rivages nord du golfe des Santons. Ils avaient de même colonisé certaines iles du golfe, qui correspondent aujourd'hui au Marais de Rochefort.
Faire du Sel à la période Gauloise
À l’âge du Fer, le sel est extrait par évaporation de l’eau salée dans des récipients en argile cuite (godet ou augets) disposés sur des fourneaux. Les augets contenant la saumure sont maintenus en suspension au-dessus d’une source de chaleur, grâce à des pilettes en argile. Une « cuisson » pouvait durer au moins 24 h, au terme de laquelle les blocs de sel étaient extraits en fracturant les augets. Ce type de production est attesté sur toute la côte atlantique. Il a connu un essor important durant la période gauloise et semble avoir périclité au début de la période romaine, sans doute remplacé par les marais salants.
Les vestiges les plus courants retrouvés lors des fouilles archéologiques sont les pilettes et les augets, comme à Andilly, mais certains sites ont également livré des fours de cuisson, notamment sur la commune d’Esnandes. C’était, pour cette région maritime, une source de richesse et d’échanges.
L'auget à sel
Ce godet à sel est sans doute un emballage perdu qui servait à la commercialisation du sel exploité à grande échelle sur nos côtes atlantiques. Placé dans un four à sel à grille sur voûtains, il était progressivement chauffé jusqu’à devenir un « pain de sel » commercialisable. Il suffisait de briser cet emballage d’une grande finesse pour récupérer le pain de sel. Trouvés par milliers sur nos côtes, parfois rebuts de cuisson ratées, ou empilés en attente d’une utilisation, ces godets sont les témoins de l’importance que les Gaulois donnaient à la commercialisation de cette denrée nécessaire au type d’alimentation pratiquée : les salaisons pour la conservation des viandes et des poissons.
A la périphérie du bourg d’Andilly, des fouilles ont permis de mettre au jour la totalité d’une ferme gauloise. Elle est circonscrite par un double fossé trapézoïdal et date, d’après les premiers indices céramiques collectés, de la période comprise entre 200 et 50 avant notre ère.
Le site se trouve en bordure de l’ancien golfe des Pictons où de très nombreux sites d’enceintes, d’habitats et de nécropoles ont été reconnus par photographie aérienne ou par prospection mécanique et pédestre. Ils sont attribuables à une période qui s’étend du Néolithique à la Protohistoire.
Cette densité est due à la qualité du terroir qui permettait un rayonnement rapide vers des ressources et des richesses variées : à l’ouest, la côte avec ses ressources marines, pêche et voie de circulation ; au nord, le marais et son biotope permettant notamment l’exploitation du sel et enfin au sud, les terres sèches du plateau calcaire propres aux cultures et à l’élevage. Sur la seule commune d’Andilly, il existe plus de vingt occupations protohistoriques dont de nombreux ateliers de saunier en bordure de marais.
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Article Romain CHARRIER - 25 décembre 2013
Sources :
http://www.inrap.fr/dossiers/Archeologie-du-Sel/Les-sites/carte/3/Carte-des-sites#.VxxVM1aLSM9
https://www.inrap.fr/andilly-une-ferme-gauloise-en-bordure-du-marais-poitevin-5211
https://www.inrap.fr/une-ferme-gauloise-andilly-en-charente-maritime-4576
Auget à sel en tronc de pyramide, en terre cuite moulée, datant de l'âge de Fer (la Tène) vers -100, découvert à La Plaine-sur-Mer (La Tara) / Loire-Atlantique / France - Collection Michel Tessier
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