Camille de La Croix, le Père de l'archéologie régionale

Le Père Camille de La Croix

 

Né en 1831 en Belgique, le Père Camille de La Croix est un prêtre jésuite qui s'installe à Poitiers en 1864. Il ne s'intéresse que tardivement aux recherches archéologique à partir de 1877, mais deviendra rapidement un archéologue de référence au niveau régional. Il est devenu célèbre pour avoir fouillé le baptistère Saint-Jean à Poitiers, le site archéologique de Sanxay dans la Vienne ainsi que les thermes de Chassenon et le théâtre gallo-romain des Bouchauds en Charente. L’homme est passé à Saintes en 1880 où il a interprété les vestiges de Saint-Saloine comme étant ceux de thermes romains. Il a vécu jusqu'en 1911. 

 

Fouilles d'archives 

 

Le Fonds de La Croix conservé à Poitiers représente 16000 documents classés dans 250 cartons. Ils ont été numérisés et sont aujourd'hui disponibles en ligne sur la plateforme de l'Université de Poitiers. on y retrouves photos, croquis, notes, correspondances, agendas, manuscrits, coupures de presse, cartes de visite, comptabilité et documents administratifs, conservés par le Père Camille de La Croix à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. On y retrouve un certain nombre de documents qui concernent Saintes, croquis, coupures de presse et de nombreux échanges épistolaires avec des érudits locaux. On y apprend que c'est Monsieur Vallée, secrétaire de la Société Archéologique de Saintes, qui le sollicite en juillet 1880 pour venir expertiser « l'hypogée des Coteaux » et donner son avis sur les vestiges de Saint-Saloine. Le Père de La Croix publiera en octobre 1880, dans le journal Le Gaulois, un article décrivant le grand intérêt les richesses archéologiques de Saintes. C'est dans cette publication qu'il identifie les vestiges de Saint-Saloine comme étant ceux de thermes romains. Suivront des fouilles en 1881 menées par la Société d'Archéologie de Saintes qui confirmeront son interprétation.

  

Archives de fouilles

 

Ces documents et photos sont un témoignage des techniques de fouilles de l'époque. Le travail se faisait en tranchées, avec des fouilles très rapides, à la pelle et à la pioche. Des wagonnets étaient employés pour évacuer les déchets, un tamisage était réalisé mais sans respecter la stratigraphie. On peut observer sur certaines photos des outils sur trépied pour réaliser des relevés dits « à la planchette ».

 

Certains de ces documents permettent de localiser d'anciens vestiges observés à l'époque mais qui n'existent plus aujourd'hui, et de les replacer dans l'espace. Les relevés et plans manquent souvent de rigueur si l'on compare avec les méthodes actuelles. La conférencière donne l'exemple de trois documents, d'abord un croquis de pilettes en abside, mis au propre sur un deuxième document puis un troisième sur une publication officielle. Chacun des documents présentent des différences, la question se pose : lequel des trois correspond le plus à la réalité ? Mais ces documents restent un témoignage de vie de l'époque, autre exemple est donné avec des échanges de télégrammes et de courriers transportés par trains et ses dessertes, dont la distribution s'avère très rapide. Enfin, la conférencière donne le témoignage de l'achat d'un véhicule motorisé en 1907 par les Laporte-Bisquit, propriétaires du théâtre des Bouchauds.

Article de Romain CHARRIER - 27 mars 2020

Conférence  « Le Père Camille de La Croix, fouilles d'archives, archives de fouilles », par Nadine Dieudonné-Glad, professeure d'archéologie antique à l'Université de Poitiers Salle Centrale à Saintes le 10 février 2020.

Photo en entête : Le Père Camille de La Croix lors des fouilles de Sanxay © Crédit photo : CRÉDIT FONDS DU PÈRE CAMILLE DE LA CROIX

Fonds du Père Camille de La Croix : http://fondspdlc.edel.univ-poitiers.fr