Le baptistère paléochrétien de chez Pérot au Douhet

Il ne s'est pas dévoilé soudainement aux bénévoles, mais ce sont certaines singularités du site qui leur ont mis la puce à l'oreille. D'abord un bassin bien trop profond pour un simple lavoir, ensuite un fauteuil monolithique avec accoudoirs et marche-pied, puis de nombreux graffiti caractéristiques du Bas-Empire romain. C'est l'ensemble de ces éléments qui ont fait comprendre à l'archéologue Jean-Louis Hillairet qu'il ne s'agissait pas que d'un lavoir, mais d'un monument bien plus ancien.

Il ne s'est pas dévoilé soudainement aux bénévoles, mais ce sont certaines singularités du site qui leur ont mis la puce à l'oreille. D'abord un bassin bien trop profond pour un simple lavoir, ensuite un fauteuil monolithique avec accoudoirs et marche-pied, puis de nombreux graffiti caractéristiques du Bas-Empire romain. C'est l'ensemble de ces éléments qui ont fait comprendre à l'archéologue Jean-Louis Hillairet qu'il ne s'agissait pas que d'un lavoir, mais d'un monument bien plus ancien.

Une cathèdre et des graffiti paléochrétiens

Le fauteuil taillé dans le calcaire rappelle le siège épiscopal, la cathèdre où siégeait l'évêque lors des baptêmes. Les graffiti sont quant à eux assez explicites avec d'abord un chrisme, le symbole paléochrétien par excellence, entouré d'un alpha et d'un oméga pour désigner le début et la fin, le tout au dessus d'une porte à gauche de la cathèdre. Plusieurs croix sont par ailleurs présentes, dont une également avec un alpha et un oméga.

Mais les graffiti les plus caractéristiques sont les ICHTHUS, des poissons gravés sur la paroi du monument. L'ICHTHUS est le symbole majeur de reconnaissance des premiers chrétiens. En grec, il est un acronyme à décomposé ainsi : Ι (Iota) pour ΙΗΣΟΥΣ (Iêsoûs) «Jésus» ; Χ (Khi) pour ΧΡΙΣΤΟΣ (Khristόs) «christ» ; Τ (Thêta) pour ΤΕΟΥ (Theoû) «Dieu» ; Υ (Upsilon) pour ΥΙΟΣ (Huiόs) «Fils» ; Ѕ (Sigma) pour ЅΩΤΗΡ (Sôtêr) «Sauveur», soit à traduire par « Jésus-Christ, Fils de Dieu, notre Sauveur ».

Une hypothèse de datation à la fin du IIIe siècle ?

La présence des éléments symboliques qu’il rassemble (graffiti, cathèdre, piscine) et de l’eau pure captée dans l'aqueduc antique qui passe contre le bâtiment, indiquent qu’il s’agirait bien d’un baptistère paléochrétien. L'archéologue Jean-Louis Hillairet émet l'hypothèse d'une datation à la fin du IIIe siècle de notre ère. La cathèdre monolithique est marquée sur son repose pied d’une croix et d’un M gravé, pouvant rappeler l’initiale de Saint-Martial, l'évêque de Limoges qui a évangélisé la région à la fin du IIIe siècle de notre ère, et dont l’église du Douhet lui est justement consacrée. Le baptistère est située dans un lieu isolé, loin de toute agglomération, ce qui pourrait coïncider avec cette période d'avant Constantin Ier, où les chrétiens se cachaient encore pour pratiquer leur culte. Si cette datation se confirmait, il serait alors l'un des plus anciens connu à ce jour, rejoignant celui de Doura Europos en Syrie, daté du milieu IIIe siècle.

La piscine baptismale a été recalibrée au XIXe siècle pour l'aménagement du lavoir, perturbant ainsi le site. La canalisation prenant l'eau de l'aqueduc a été refaite depuis le fond du specus, mais la canalisation primitive est toujours visible par endroit, 30cm plus haut, correspondant au niveau de circulation d’origine. A partir de ce niveau, on peut en déduire une hauteur du bassin de la piscine baptismale à l’origine de 1,10 mètre.