40 ans après la découverte de la Néandertalienne Pierrette, les fouilles continuent 

Il y a 40 ans, la découverte de la Néandertalienne Pierrette

 

Tout commence en 1975, l'archéologue amateur Bernard DUBINY repère des outils en silex et des ossements au pied de la falaise de « La Roche à Pierrot », sur la commune de Saint-Césaire, lors de travaux de terrassement. Il signale ses découvertes à la Direction des Antiquités (ancien nom du Service Régionale de l'Archéologie), qui fait arrêter les travaux. Au printemps 1977 sont programmées les premières fouilles scientifiques sous la direction du préhistorien François LÉVÊQUE. Ce dernier confirmera l'intérêt du site, révélant un sol moustérien excessivement riche en éclats de silex et en ossements de faune bien conservés. 

 

Mais c’est il y a 40 ans, le 27 juillet 1979, qu’apparaît la découverte la plus remarquable, le squelette très fragmenté d’un jeune individu Néandertalien, qui sera surnommé Pierrette. Cette découverte va révolutionner les connaissances sur cette période de transition entre le Paléolithique moyen et le Paléolithique supérieur. La découverte est retentissante car Pierrette est le témoin inédit et insoupçonné de la cohabitation entre les deux espèces Néandertal et Homo sapiens. Pierrette a également été découverte dans une couche d’outils dit « Châtelperronien », attribué jusque-là à Homo Sapiens, ce qui mènera les scientifiques à s’interroger sur l’évolution des outils de Néandertal au contact d’Homo Sapiens. 

      

Des fouilles depuis les années 70

 

Depuis la découverte de Pierrette en juillet 1979, la Roche à Pierrot a fait l’objet de plusieurs fouilles archéologiques : fouilles de sauvetage tout d’abord, de 1976 à 1987 et de 2013 à 2016, puis des fouilles programmées. L’année 2016 a marqué le début de la première triennale. 2019 est la première année de la deuxième triennale, toujours sous la direction d’Isabelle CREVECOEUR, paléoanthropologue et chargée de recherche au CNRS de l’Université de Bordeaux 1. 

 

Cette année encore, elle a dirigé les fouilles avec une équipe de chercheurs, de bénévoles et d’étudiants pendant cinq semaines. L'équipe a exploré méticuleusement les différentes couches de sédiments sur une zone de 2 m². Ces nouvelles fouilles permettent de refaire le point sur la stratigraphie du site en utilisant des méthodes plus rigoureuses que dans les années 70 et en analysant systématiquement chaque matériel découvert avec toutes les techniques modernes, afin d’affiner au mieux les connaissances du site. Il est entre autre mis au jour et étudié des outils lithiques et de la faune chassée et consommée par l'homme préhistorique, notamment du vison, du rhinocéros laineux et du renne.

 

Deux bébés néandertaliens redécouverts

 

L’étude du travail remarquable du premier archéologue François LÉVÊQUE se poursuit également en laboratoire. Les outils, les techniques modernes et la spécialisation des métiers permettent une relecture d’anciennes découvertes. Ainsi, plusieurs séries de petits ossements mis au jour lors des premières fouilles et qui avaient été interprétés comme de simples ossements d’oiseaux, ont révélé une surprise de taille : il s’agissait en réalité des ossements de deux bébés néandertaliens, antérieurs d’environ 10 000 ans à Pierrette. Ces deux enfants semblent être issus de fausses couches ou sont des prématurés qui n'auront pas survécus. La concentration de leurs restes indique qu’ils ont chacun été mis en terre avec un certain soin par leurs mères respectives. Rien n’indique qu'ils soient tous les deux contemporains.