La reconstitution, entre passion pointilleuse et archéologie expérimentale

Ils étaient installés dans les thermes de Saint-Saloine pendant les fêtes romaines de Saintes, la compagnie Branno Teuta est une association de reconstitution historique gauloise couvrant la période du IVe et IIIe siècles avant notre ère, une civilisation encore peu connue. Ils ont fait découvrir au public la vie « à la gauloise » en explorant les différents aspects de la vie des peuples Celtes de cette époque.

La vie quotidienne, le sacré et la guerre

La Branno Teuta est fondée en 2004. Basée à Massy dans la région de Bièvre, une rivière appelée Bebros par les gaulois, l'association est composée de passionnés d’histoire qui proposent à travers les reconstitutions et les évocations une restitution de la vie du peuple Celte des Senons de -350 à -250. Des vêtements à l’alimentation, en passant par les armes, les objets de culte et les techniques de combats, tout ce que le groupe montre est le résultat de recherches et d’études des rapports de fouille. Les membres de l'association travaillent aussi en collaboration avec le CNRS et le Musée de la ville de Sens pour se rapprocher au mieux de la réalité archéologique. L'objectif de la Branno Teuta est de transmettre au plus grand nombre une partie du savoir archéologique et historique en cassant les clichés habituels que l’on se fait des gaulois. Ce qu'il veulent, c'est vivre l'histoire.

Renseignements : branno.teuta@gmail.com

Les gladiateurs d'Acta se fondent quant à eux sur une démarche de reconstitution de combats antiques pour faire découvrir la « vraie vie » des gladiateurs. La référence européenne en la matière, c'est Brice Lopez qui expérimente ce sport depuis une vingtaine d'années sur la base des textes antiques, des représentations iconographiques, des vestiges archéologiques, en expérimentant les gestes techniques des gladiateurs. Il a fondé la société ACTA et plusieurs écoles de gladiature en France qui s'entrainent et offrent des démonstrations de sports de combat antiques.

L'école de gladiature Mediolanum Ludus

L’association saintaise Mediolanum Ludus a été créée à l’initiative de Brice Lopez en 2019, à l’occasion des fêtes des 2000 ans de l’arc de Germanicus, pour implanter une structure locale pour pouvoir continuer ses stages dans la région. Elle est aujourd’hui présidée par Aurélien Comte, accompagné de Christelle Flament et Baptiste Savin. « Des stages mensuels sont organisés au Pidou, encadrés par les professionnels d’Acta » explique Christelle, secrétaire de l'association, « et depuis la saison 2021-2022, un créneau pour des entrainements hebdomadaires a été mis en place tous les mercredis soir à la Récluse ». Le groupe accueille chaque année de nouveaux adhérents et ses membres commencent à s’impliquer dans l’animation historique avec Acta, mais aussi parfois seul comme aux fêtes antiques de Coriobona mi-juillet, un autre village gaulois reconstitué en Charente-Limousine.

Les gladiateurs saintais victorieux aux premières rencontres des sports antiques

Escrime antique, gladiature en équipe, athlétisme grec, voici quelques-unes des épreuves de la première édition des rencontres de sports antiques organisée par l’association BEBROS à Massy le 10 juillet dernier. Et c’est l’école des gladiateurs de Saintes qui a remporté les épreuves de gladiature.

Ils étaient jugés sur les entrées et sorties, le salut, la capacité physique des combattants, la vitesse d’exécution, la technique et l’encadrement du summa rudis (l’arbitre de combat). Les touches ne comptaient pas, seulement la bonne application des règles. « Les rencontres sont courtoises et amicales » explique Cédric, l’un des participants. « Lorsqu’ils combattent, les gladiateurs ne se considèrent pas comme des adversaires mais des partenaires de combat ». L’association est partante pour organiser les prochaines rencontres à Saintes.

Les légionnaires d'Arles

Autre groupe de reconstitution spectaculaire, la LEGIO VI FERRATA. Ce groupe a vu le jour à Arles en 2008, rassemblant des passionnés d’histoire et de reconstitution historique. La Legio VI Ferrata se défini comme un livre d’images qui s’ouvre devant les yeux du public, offrant une vision réaliste de la civilisation romaine en restituant au mieux le matériel, l'armement, les vêtements et tous les artefacts reproduisant le mobilier de l'époque concernée. L’étude des écrits et des artéfacts archéologiques, mais aussi l’expérience acquise leur permet de proposer une image la plus proche de la réalité de l'époque et de la vie quotidienne des légionnaires, validant l’authenticité de leur démarche de reconstitution historique.

Une marche expérimentale

Le 12 août, pour la première fois, les légionnaires de la Legio VI Ferrata ont emprunté une partie du tracé de la voie romaine qui reliait le site portuaire du Fâ Barzan à Mediolanum (Saintes). Sur 4 km, le détachement était accompagné des ânes de bâts de l'Association Alternative Animale et des muletiers, précieux auxiliaires des légions romaines pour transporter leurs effets, leur intendance et leur bivouac, un équipement qui pouvait atteindre 25 à 30kg. Ils étaient suivis de plusieurs dizaines de randonneurs, venus accompagner et soutenir les légionnaires dans cette marche expérimentale. La Légion a ensuite installé son camp militaire dans le Jardin Public de Saintes pour y proposer des ateliers pour les petits légionnaires, du tir à l'arc et des démonstrations de manœuvres militaires. 

Article Romain CHARRIER - 9 septembre 2022