Le théâtre antique des Bouchauds 

Le théâtre gallo-romain des Bouchauds est situé sur la commune de Saint-Cybardeaux en Charente, le long de la via d'Agrippa (Saintes-Lyon) dite Chemin des Romains. Les ruines du théâtre gallo-romain des Bouchauds sont au cœur d’une concavité naturelle dans le flanc d’une colline qui accueille un sanctuaire à son sommet.

Le site du théâtre gallo-romain est découvert en 1865 par Jean Gontier, qui y entreprend des fouilles sur ses propres deniers, et bataille avec succès pour en acquérir la maîtrise foncière et obtenir le classement au titre des monuments historiques par arrêté du 23 décembre 1881. N'est d'abord dégagée qu'une petite partie du théâtre, nommé par les habitants des environs le château des Fades (château des fées). Mais ce théâtre, une fois découvert, se dégrade rapidement, et Gontier tente en vain de le faire racheter par l'État, le Département et la Société archéologique et historique de la Charente.

 

Après la disparition de Gontier, le site est racheté en 1900 par Solange Laporte-Bisquit, épouse du sénateur-maire de Jarnac, et fille de l'amateur d'art et mécène bien connu, Adrien Dubouché de Limoges. Elle s'attache les services de Camille de La Croix, jésuite belge qui vient de fouiller le temple, les thermes romains et le théâtre Sanxay, et qui publie ses observations en 1908. Les fouilles reprennent sur le plateau surplombant le théâtre, puis sur le théâtre lui-même, de 1974 à 1995. Une agglomération secondaire qui pourrait être Germanicomagus et se compose d'un ensemble d'habitations, d'un sanctuaire et du théâtre.

 

L'Architecture du théâtre

 

Le théâtre gallo-romain des Bouchauds au diamètre de 105,60 mètres, est le plus grand d'Aquitaine, plus grand notamment que le Théâtre antique d'Orange d'un diamètre de 104 mètres. Il pouvait accueillir de 5 à 6 000 personnes. Il a été creusé et construit au flanc de la colline tandis que le sanctuaire est à son sommet.

Il fut construit au début du Ier siècle, mais des aménagements sous forme de rangées de gradins dans l’orchestra et de passages entre l’orchestra et la cavea dateraient du IIIe siècle. Une inscription, retrouvée dans le théâtre lors d'une campagne de sondages en 1983, prouverait que le théâtre a servi de cadre au culte impérial.

 

La Situation géographique

 

Une ancienne voie romaine passait à proximité. À 1 km au sud, la voie d'Agrippa reliant Saintes à Lyon par Limoges et Clermont va d'est en ouest et passe au bourg de Saint-Cybardeaux. Sur cette voie s'est développé, en plus du théâtre, une agglomération, sans doute le Germanicomagus de la Table de Peutinger. Les habitations n'ont pas été fouillées, mais des sondages ont permis de repérer des thermes.

Le site occupe par ailleurs un point culminant local, 158 m, dominant la vallée de la Charente qui passe à 4 km au nord-est et la vallée de la Nouère au sud-ouest. 

 

Le Sanctuaire

 

Situé au sommet de la colline aplanie par l'homme, en haut du théâtre, il est composé de deux ensembles, dont l'un date du Ier siècle et l'autre de la fin du IIe siècle ou du début du IIIe siècle. Le premier ensemble, situé à l'est, comporte dans un espace rectangulaire limité par des murs un temple rectangulaire et un temple octogonal. Le second comporte deux petits temples carrés dans un vaste espace. Il n'a été retrouvé aucune inscription, mais une statue de Mercure en argent doré à la feuille d'or a été découverte au pied du mur extérieur du sanctuaire, ce qui peut suggérer un culte du dieu Mercure (dieu romain du commerce et des voyageurs). Il est aussi classé monument historique depuis 1992.

L'agglomération secondaire de GERMANICOMAGVS 

 

GERMANICOMAGUS est une agglomération secondaire qui se trouvait le long de la voie d'Agrippa, entre CASSINOMAGVS et MEDIOLANVM, une station étape où le voyageur pouvait faire une halte. Le vicus est cité sur la Table de Peutinger sous le nom de SERMANICOMAGO, probable erreur d'un copiste au Moyen-Âge. Il est communément admis que l'agglomération de nommait GERMANICOMAGVS. Etymologiquement, le mot signifie le marché de Germanicus (magus = marché en latin), il est possible qu’une partie des activités économiques de GERMANICOMAGUS soit liée au commerce. 

 

L'agglomération avait un important sanctuaire au sommet d'une colline qui culminait à 158 mètres d’altitude, dominant l'agglomération. La plateau de la colline, nivelé par l'homme, a vu la construction d'un premier espace sacré dès le Ier siècle de notre ère composé de deux temples, un rectangulaire et un autre octogonal, le tout délimité par un mur de péribole. Puis un deuxième espace sacré sera construit a priori un siècle plus tard à l'arrière du premier ensemble. Ce nouveau sanctuaire plus grand comportera deux temples carrés de tradition celtique, dans une vaste cour sacrée. Il n’a été retrouvé aucune inscription sur l'ensemble du sanctuaire, juste une statue de Mercure en argent doré à la feuille d’or (Mercure est le dieu romain du commerce et des voyageurs). Sur le flanc de la colline a été construit un théâtre impérial monumental de 105 mètres de diamètre, pouvant accueillir jusqu'à 5000 spectateurs. Il date du Ier siècle de notre ère. 

  

En contrebas du sanctuaire a été repéré les vestiges d’un aqueduc se dirigeant vers l'emplacement de l'agglomération. Un vivier où on a retrouvé des coquilles d’huîtres antiques et un puits gallo-romain avait été mis au jour ainsi que les traces de possibles thermes. Le vicus antique a pu être révélé en 1992 par les photographies aériennes de Jacques Dassié. Les photos ont mis en évidence un ensemble d'insulae  (îlots urbains) autour d'un grand axe de circulation (decumanus maximus), le tout sur une superficie d'une quinzaine d'hectare. Aucune fouille n'a à ce jour été faite sur cette zone.

 

Romain CHARRIER - 30 mai 2014 - Maj 10 août 2019

Sources : Archéologia n°284 novembre 1992 - Archéologie aérienne, Jacques Dassié, p54, 55

http://www.persee.fr/doc/galia_0016-4119_1947_num_5_2_2059