Un village carolingien découvert près de Royan

Sur l'emplacement d'un futur lotissement de 24 maisons au lieu-dit Les Deux Terrages à Saint-Sulpice-de-Royan, les fouilles préventives du service d'archéologie départementale ont mis au jour le négatif d'un village d’époque carolingienne, qui s’est développé autour des VIII et IXème siècles, soit aux environs du règne de Charlemagne.

Les traces de 31 bâtiments en bois, terre et chaume, de 15 à 150 m² ont pu être observés : des trous de poteau formant plusieurs bâtiments, quelques fosses assimilables à des fonds de cabane et un réseau assez dense de fossés constituant des enclos organisés. Il s'agit de constructions qui permettaient d'abriter tant des humains que des animaux. Les bâtisses bordent deux axes routiers et les parcelles semblent séparées par des fossés et d'anciennes haies. 

Les habitations sont assez spacieuses, ce qui laisse présager qu’elles avaient plusieurs fonctions et qu’elles abritaient aussi bien des personnes que des animaux. Il s’agissait de huttes assez cossues. De nombreux bâtiments comportent de mystérieuses absides, une forme architecturale habituellement caractéristique des édifices religieux, mais ici observés sur des habitats, étables et  greniers à grain.

Deux puits ont été repérés, un premier du VIIe siècle (antérieur au village), et le second, contemporain du hameau, qui est en cours de fouille et qui apportera très certainement beaucoup d'informations sur la vie du village.

Le site est exceptionnel car il permet de voir un village carolingien dans son ensemble, organisé autour d’une véritable réflexion urbanistique avec deux voies d'orientation Nord/Sud et Est/Ouest, des parcelles délimitées par des fossés et des haies, des zones de pâturage, des zones boisées. Le village n'a existé que moins d'un siècle, correspondant à deux ou trois générations. Le site a été abandonné, jamais réoccupé, ce qui a permis sa conservation. 

L’équipe d'archéologue a également découvert une unique tombe assez mystérieuse, retrouvée à l'intérieur d'une enceinte familiale et non pas dans un cimetière. Il s’agit d’une femme, enterrée sur le ventre, face contre terre, donc sans considération ni attention particulière. Les analyses permettront peut-être d'en apprendre plus sur son âge, l'époque de son décès et surtout les causes de la mort (crime ?).

Article Romain Charrier - 15/06/2019 - Sources : Service Archéologie Département 17,  Sud Ouest ,  La Charente Libre , Le Point , Haute Saintonge

Photo © Dept17

Diagnostic réalisé en 2009, fouilles préventives du 15 avril au 15 juillet 2019 par le service d'archéologie départementale, sous la responsabilité de l'archéologue Bastien Gissinger.