
Des casques de gladiateurs exposés pour la première fois à Poitiers
Inédite, l’exposition « Des gladiateurs à Limonum » au Musée Sainte-Croix présente pour la première fois les casques de gladiateurs mis au jour en 1998, lors des fouilles menées par l’Inrap sur l’Îlot des Cordeliers, en préalable à la construction d’un centre commercial, en plein cœur historique de Poitiers.
Les fragments de trois casques de gladiateurs
C’est dans un ensemble de bâtiments antiques, ateliers et boutiques, situés entre le supposé forum et l’amphithéâtre de Poitiers, qu’ont été retrouvés trois calottes de casque en fer, très corrodés. Les interprétations n’étaient pas évidentes en fouille, mais l’analyse en laboratoire indique qu’il s’agirait des restes de casques de gladiateurs du Haut-Empire avancé (IIe-IIIe siècle). Deux des trois casques sont presque complets, et l'un d'entre eux a même clairement été identifié comme celui d’un secutor, le gladiateur adversaire du rétiaire.
Le quartier dans lequel ils ont été découverts, a été détruit lors d’un violent incendie à la fin du IIIe siècle (entre 260 et 270). Parmi les maisons détruites, un vaste édifice servait probablement de siège à une corporation d’artisans (schola). Trois magasins incorporés à cet édifice abritaient, entre autre, un atelier métallurgique doublé d’un atelier de travail de l’os et un commerce de céramique et de verrerie. Ces espaces artisanaux ont livré, outre des garnitures de harnais et divers outils produits sur place, des éléments d’armes blanches (poignards, épées) et les trois calottes de casque. Leur état général permet de penser qu’ils allaient être recyclés au moment de l’incendie.
Découverts en 1998 par l'équipe de l'archéologue Anne-Marie Jouquand, restauré en Allemagne en 2010, ces casques étaient conservés par le ministère de la Culture jusqu’en 2020. Encore jamais présentés au public depuis leur restauration, ce sont, en l’état actuel des connaissances, les seuls casques de gladiateurs trouvés sur le sol français. Ces pièces sont donc rarissimes dans le monde romain et inédites en France. L’exposition « Des gladiateurs à Limonum » où sont présentés ces trois casques, est visible au Musée Sainte-Croix de Poitiers jusqu’au 7 novembre 2021.
L’amphithéâtre de Poitiers
Ses ruines étaient encore visibles au XIXe, puis comme à Bordeaux, il a été englobé par l’urbanisation. Son ellipse est aujourd'hui conservée dans la courbe des rues. Certaines parties sont encore présentes dans les caves des maisons et quelques travées sont visibles dans la rue Bourcani. Il a été construit en périphérie de la ville antique de LIMONUM, au IIe siècle, voire au Ier siècle de notre ère selon certains historiens. Il était entièrement en structure creuse, contrairement à celui de Saintes installé au creux d’un vallon. L’édifice de spectacle mesurait 155,80 m x 130,50 m et pouvait accueillir jusqu’à 30 000 spectateurs selon les estimations des spécialistes.
Comme dans de nombreuses villes, il a été démantelé à la toute fin du IIIe siècle et au début du IVe, pour fournir des matériaux de construction pour l’érection de l’enceinte du bas-empire. L’exposition « Du Colisée à l’amphithéâtre de Poitiers » à l’Espace Mendès France propose jusqu’au 2 janvier 2022 de faire revivre l'un des plus grands amphithéâtres de la Gaule romaine. L’exposition est réalisée par l’EMF en partenariat avec le pôle Patrimoine de la ville de Poitiers et de Grand Poitiers, le Musée Sainte-Croix, l’INRAP et la DRAC-SRA Nouvelle-Aquitaine.
Article Romain CHARRIER - 12 juillet 2021
Casques découverts par l'équipe de l'archéologue Anne-Marie Jouquand en 1998
Exposition « Des gladiateurs à Limonum » au Musée Sainte-Croix de Poitiers jusqu’au 7 novembre 2021
Exposition « Du Colisée à l’amphithéâtre de Poitiers » à l’Espace Mendès France de Poitiers jusqu’au 2 janvier 2022, sur réservation
Pour en savoir plus sur le Poitiers antique, dossier complet sur Inrap.fr
Illustrations : Vue aérienne du quartier de l'amphithéâtre ; Reconstitution de l'amphithéâtre de Poitiers © Art Graphique & Patrimoine ; Photo des vestiges de travées visibles dans la rue Bourcani à Poitiers ; Restitution de l'amphithéâtre de Poitiers par Jean-Claude Golvin