
L'archéologie à Royan, du néolithique au médiéval
Royan, station balnéaire de la côte de beauté, cache des vestiges archéologiques d'une occupation ancienne. L’archéologue Karine Robin, du Service d’Archéologie Départementale de la Charente-Maritime (SAD17), les étudie avec son équipe et a présenté lors d’une conférence organisée par le service Royan Culture et Patrimoine le jeudi 27 mai 2021, les découvertes archéologiques de ces dernières années sur Royan et ses environs.
Les archéologues du Service d’Archéologie Départementale de la Charente-Maritime lors des sondages autour de l'église Saint-Pierre de Royan © SAD17
Le Néolithique de l'estuaire de la Gironde
L'ensemble du littoral de l'estuaire de la Gironde est riche en néolithique puisque de nombreux camps s'y sont développés dans les millénaires qui ont précédés notre ère. Un grand nombre d'entre eux ont été mis en évidence par le célèbre aviateur Jacques Dassié depuis les années 70, tous implantés sur des hauteurs qui dominent l'estuaire. Au plus proche de Royan, c'est le camp des « Rentes » au lieu-dit Boube, à Saint-Georges-de-Didonne, qui a été identifié en prospection aérienne par Daniel Mathé en 1993, et qui a bénéficié récemment d'une campagne de sondages par l'archéologue Ludovic Soler du SAD17. Un autre camp néolithique a également été sondé à Belmont à Royan, en préalable d’aménagements d’infrastructures routières. Les traces de nécropoles protohistoriques avec enclos circulaires ont été identifiées à « La Cabane Rouge » par prospection aérienne Jacques Dassié 1970 et des fouilles ont été menées par Eveha à Vaux-sur-Mer, montrant une occupation continue entre -2000 et -200, avec des enclos funéraires circulaires en grappe et d’autres carrés.
Le Domaine rural antique de Belmont à Royan
Fouillé en 1998 avant l'aménagement de la rocade de Royan, ce sont les traces d’un domaine rural antique (villa) qui ont été mises au jour à Belmont. Les vestiges sont constitués de trois bâtiments, avec une modeste pars urbana de 300 m², constituée d’un porche d’entrée desservant un vestibule qui donne accès à plusieurs salles. Deux autres bâtiments agricoles ont été étudiés, un chai et grange ; l'ensemble est aménagé en L. Des traces de production de vin ont été mises en évidence avec pressoir, bassins à cupule, citernes en batterie et une salle de chauffe, peut-être un fumaria pour fumer le jus de raison, pratique décrite dans les textes antiques. Un abondant mobilier antique a été découvert sur le site (fibules, vaisselles communes, petit mobilier en os, épingles à cheveux, etc.). L'occupation a perduré avec la mise au jour de vaisselles paléochrétiennes ainsi qu’une petite nécropole tardive d'une cinquantaine de sépultures datées des V-VIe siècle et d'une zone d’ensilage remontant au Moyen-Âge (du IXe au XVe siècle).
Les sondages autour de l'église Saint-Pierre de Royan
En préalable à des aménagements de voirie du boulevard Clémenceau, des sondages archéologiques ont été réalisés par le SAD17 autour de l’église Saint-Pierre il y a deux ans. La fréquentation gallo-romaine sur ce site est ténue avec seulement quelques vestiges difficilement interprétables au sud-est de l’église. Le principal de l'occupation est médiévale avec un premier cimetière daté entre le VIIIe et le Xe siècle, et les traces d’un mur ancien, peut-être l'église primitive, avec des sarcophages trapézoïdaux qui respectent l’orientation du mur. Puis le cimetière perdure autour de la nouvelle église du XIe siècle. Les traces d’un bâtiment accolé à l’église ont été mises au jour, peut-être un cloître. Les fondations des murs gouttereaux ouest et est de la nef de l’église qui a été détruite au XVIe siècle, ont été découvertes sous le parvis actuel. Certaines sépultures se superposent, des tombes du XIXe peuvent recouvrir d’autres tombes du Xe siècle.
Article Romain CHARRIER - 28 mai 2021
Sources : Conférence l'archéologie à Royan, avec le Service d'Archéologie Départemental de la Charente-Maritime, organisé par le service Royan Culture et Patrimoine le jeudi 27 mai 2021.
Photos © SAD17