Il y a 40 ans, la découverte du casque d'Agris 

José Gomez de Soto est directeur de recherche émérite au CNRS, chevalier des arts et des lettres, spécialiste des peuples celtes de l'ouest de la Gaule et de l'art celtique. C'est lui qui, après avoir été averti par des spéléologues de La Rochefoucault, a identifié il y a 40 ans le Casque d'Agris en Charente, sur le territoire dit des Ecolismiens. 

Les premiers casques celtiques décorés sont apparus un peu avant celui d'Agris. L’étude et l’évolution des décors permettent une datation précise. Les casques sont souvent constitués de décors végétaux, évoluant vers des motifs géométriques indéfiniment répétés, des successions de S, des visages au sommet du casque. 

Un chef-d’œuvre de l'art celtique  

Le casque d’Agris a été découvert dans un dépôt cultuel, probablement un sanctuaire chthonien, fréquenté du IVe siècle avant notre ère jusqu’au Haut-Empire romain. Ce casque d'apparat est daté très précisément du deuxième quart du IVe siècle avant notre ère, grâce à l'étude comparative des motifs décoratifs. Il serait contemporain de Philippe II de Macédoine, le père d'Alexandre Le Grand. Il est constitué d'une coque en fer martelée, les bandes de motifs présentent des décors végétaux avec palmettes, lotus et motifs géométriques indéfiniment répétés, moulés sur des plaques de bronze rivetées à la coque, le tout recouvert de feuilles d'or et incrusté de corail. L'or est d'une pureté rare pour cette période (99%) et viendrait des mines du Limousin. Le casque a probablement été fabriqué dans l'ouest de la Gaule. A l'arrière se trouve un couvre-nuque. Le casque d'Agris est le plus décoré connu à ce jour, les détails sont très travaillés, un véritable travail d'orfèvre, un chef-d’œuvre de l'art celtique. Il n'est pas complet puisqu'il manque un couvre-joue (paragnathide) et les quatre trous de chaque côté du casque indiquent qu'il était probablement orné d'une décoration ornementale que l'archéologue qualifie « d'oreilles de Mickey ».