Site archéologique
Regain d’intérêt pour les Thermes dits de Saint-Saloine
Ils ont été fouillés pour la première fois en 1881, 140 ans plus tard, les thermes antiques de Saintes connaissent un regain d’intérêt de la part des chercheurs, professionnels du tourisme et politiques. Une consultation est lancée par Cécile Trébuchet, mandatée par la Ville de Saintes pour réfléchir à sa sécurisation et sa valorisation, pendant que l'archéologue Jean-Louis Hillairet propose une nouvelle hypothèse de restitution de l'établissement thermal.
Par Romain CHARRIER - Publié le 6 septembre 2021
L'archéologue Jean-Louis Hillairet a travaillé sur une restitution en image des thermes antiques de Saintes © R.C.
Les premiers à s’intéresser aux ruines antiques situés sur le coteau de Saint-Saloine sont les membres de la Société d’archéologie de Saintes au XIXe siècle. Ils sollicitent en 1880 le Père Camille de La Croix, pionnier de l'archéologie régionale à cette époque, pour interpréter ces vestiges. C’est lui qui les identifie comme étant ceux de thermes antiques. Les premières fouilles sont menées dès 1881 par la Société d’archéologie de Saintes elle-même et confirmeront la lecture du père de La Croix. En 1904, le site est classé au titre des Monuments Historiques, puis une deuxième campagne de fouilles est menée en 1906.
Il faudra ensuite attendre le travail du professeur universitaire Louis Maurin à la fin des années 70 pour avoir une nouvelle lecture du site avec datation des différents états de construction, et les années 80 pour une restauration des vestiges. Puis Alain Bouet, également professeur d'histoire et d’archéologie romaine à l’Université Bordeaux Montaigne, publie une nouvelle étude plus aboutie dans le Aquitania de 2006. Ce dernier a récemment revu ses propres plans suite à la découverte il y a quelques années, par les employés municipaux du cimetière Saint-Vivien et confirmés par l’archéologue Jean-Philippe Baigl, de vestiges de murs et d’hypocaustes situés en plein dans le secteur supposé de la palestre. Jean-Louis Hillairet, archéologue retraité de l'Inrap et membre de la SahCM, remet quant à lui en question certaines interprétations d’Alain Bouet, comme le supposé bassin devant la façade et l’utilité de certaines pièces de l’ensemble thermal. Il présente ses propres plans du site et s’apprête à publier un article détaillant sa lecture des vestiges.
Proposition de restitution par Jean-Louis Hillairet
L'archéologue Jean-Louis Hillairet, ingénieur retraité de l'Inrap, diplômé de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, a repris l'état des connaissances de ces thermes, des fouilles anciennes aux interprétations de Louis Maurin ainsi que celles plus récentes d'Alain Bouet. Après étude de l'ensemble de ces éléments et par comparaison avec d'autres thermes antiques, en particulier ceux conservés à Pompéi, Jean-Louis Hillairet formule une nouvelle hypothèse d'utilisation des différentes salles, avec de nouveaux plans et hypothèses de restitutions illustrées. Dans son article à paraître, il argumente en reprenant le parcours habituel des thermes, en essayant de le transposer aux vestiges saintais. Il propose une datation à l'époque Claudienne, comme le deuxième aqueduc, comme la mise en place du réseau viaire de la ville et comme l'amphithéâtre. Il valide l'hypothèse d'Alain Bouet sur la présence d'une natatio (piscine) séparée du caldarium (bain chaud), mais remet en question le supposé bassin devant la façade avec les niches en cul-de-four. Il place l'aqueduc alimentant les thermes à l'ouest et un pont traversant le vallon au sud, ce qu'Alain Bouet avait remis en cause. Les hypothèses des scientifiques vont bon train, mais c'est en les confrontant que la connaissance peut avancer.
Une consultation pour sécuriser et valoriser les thermes
Déjection canine, détérioration des vestiges et trafics nocturnes, c’est par ces questions d’incivilités et de sécurité que la municipalité a été sollicitée par les riverains pour sécuriser le site. Mais les élus veulent en profiter pour entamer une réflexion sur sa valorisation et travailler avec l’agglomération qui a la compétence tourisme. De nouveaux bancs, tables de pique-nique, poubelles et distributeurs de sacs à crotte sont déjà commandés, le site sera entretenu plus souvent, certaines parties seront dévégétalisées et un travail va être mené sur l’éclairage.
Cécile Trébuchet, professionnelle du patrimoine et du tourisme, veut travailler avec les établissements scolaires pour sensibiliser les jeunes sur l’intérêt des vestiges, pour qu’ils en deviennent des ambassadeurs. Elle souhaite également que de grands événements y soient régulièrement organisés. La question se pose de l’intégration du site dans le programme de valorisation des aqueducs porté par la CdA et de son inscription dans un parcours touristique. Enfin, la Société d’archéologie de Saintes va être sollicitée pour travailler sur la signalétique du site et va réaliser un chantier de nettoyage le 16 octobre, afin de relever les vestiges situés en contrebas des thermes.
Les saintais sont conviés à transmettre leurs idées par courriel sur servicecommunication@ville-saintes.fr, ou par courrier dans la boîte aux lettres de Mr Roullet, riverain du site au 28ter rue des thermes romains.
Article Romain CHARRIER - 6 septembre 2021
Source : Consultation publique aux thermes de Saintes avec Cécile Trébuchet le 27 août 2021
Restitution hypothétique des thermes romains de Saint-Saloine à Saintes, Jean-Louis Hillairet, article à paraître
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Ce blog est un média dédié à l'histoire de MEDIOLANVM (nom antique de Saintes), à l'actualité archéologique en Saintonge (et parfois au-delà) et de son peuple celte les SANTONES. Je ne suis ni archéologue, ni historien, juste un amateur passionné par ces sujets, vice-président de la Société d'archéologie et d'histoire de la Charente-Maritime. Les informations de ce site sont tirées d'ouvrages, de rapports de fouilles, de communiqués de presse, de conférences, de visites de chantiers archéologiques, de rencontres et d'entretiens avec des spécialistes.
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