Site archéologique
La Villa gallo-romaine de Romegoux
Les murs de cette villa encore visibles au XIXe siècle ont été fouillés par les Burgaud de 1936 à 1938 pour en restituer le plan ci-dessus. Ce vaste domaine agricole de près de 3 hectares était constitué de deux parties distinctes : la pars urbana (habitation du dominus) et la pars rustica (partie consacrée à l'exploitation agricole). Elle est située sur un promontoire qui aurait déjà été occupé pendant le néolithique, dominant le marais du Bruant près de sa confluence avec la Charente. La villa aurait été construite à la fin du Ier siècle de notre ère. Son plan est d'orientation nord/sud sur 340 mètres de long et 125 mètres de large. Elle est remaniée à la fin du IIIe siècle (construction du mur d'enceinte), était encore occupée au IVe siècle et définitivement abandonnée au début du Ve siècle. Le domaine est à moins de 6 kilomètres de la voie romaine reliant Mediolanum à l'océan. La villa est entourée de terres de groies, une terre argilo-calcaire fertile pour la culture du blé et de la vigne.
Par Romain CHARRIER - Publié le 21 février 2017
Plan de la villa de Romegoux d'après Paul et Paulette Burgaud - 1940 - fig.1 p. 48 - Extrait de la CAG 17/1 de Louis Maurin
La pars urbana
La maison du maître (la pars urbana) est située à l'extrémité nord de l'ensemble, au sein d'un espace carré d'une cinquantaine de mètres de côté. L'habitation était ouverte au sud sur un jardin intérieur entouré d'une vaste galerie couverte de 50 mètres de long sur près de 30 mètres de large. La galerie (péristyle) faisait près de 3 mètres de large. Le bâtiment d'habitation avait probablement un étage. Deux pièces de la partie orientale de la maison étaient bâties sur hypocauste (chauffage par le sol). Les fouilles ont mis au jour un petit ensemble thermal au sud-est rajouté dans la seconde moitié du IIe siècle.
L'interprétation du mobilier archéologique retrouvé (monnaies, céramiques, tessons de bouteilles, statues de calcaire...) permet de dater la construction de cette villa de la fin du Ier siècle, avec un réaménagement vers 160 (rajout de la partie thermale et installation d'un hypocauste dans deux pièces de la partie est de l'habitation). Une importante restauration serait intervenue à la fin du IIIe siècle (peut-être suite à un incendie). C'est aussi à cette époque que le mur d'enceinte de la pars rustica aurait été bâti. L'occupation perdure tout le IVe siècle, puis la villa est détruite et abandonnée au début du Ve siècle.
Un petit cimetière à été identifié au nord-est de la pars urbana, daté de l'antiquité tardive ou du Haut Moyen-Age.
Plan de la pars urbana de la villa de Romegoux d'après Paul et Paulette Burgaud - 1940 - fig.2 p. 50 - Extrait de la CAG 17/1 de Louis Maurin
La pars rustica
La partie agricole du domaine est bien séparée de l'habitation du propriétaire par un imposant mur. La pars rustica est une vaste cour réservée à l'activité agricole et aux autres habitants du domaine (esclaves, domestiques, ouvriers agricoles et artisans). Ce grand espace s'étend sur près de trois hectares, l'enclos fait 292 mètres de long et 91 mètres de large. Il a été mis en évidence trois bâtiments à l’ouest, deux à l’est, de plans différents, contre le mur de clôture, côté extérieur (l’un d'eux étant même d’orientation différente). La fonction de ces bâtiments reste énigmatique, mais il y avait probablement les maisons du potier, du forgeron, du tuilier, du tailleur de pierre, les habitations des esclaves, ainsi que des étables, des écuries, des remises, greniers et autres hangars. Il a été noté que ces bâtiments sont de plus médiocre qualité que la pars urbana. Un puits a également été mis au jour à l'extrémité sud de l'enceinte. Le mur de cette enceinte daterait de la fin du IIIe siècle, en même temps que la restauration de la pars urbana.
Un autre bâtiment antique à Romegoux
Début 2001, des tranchées ont été creusées tout autour de l'église de Romegoux pour des travaux d'aménagement de l'éclairage extérieur du monument. Ces travaux ont permis de mettre au jour les vestiges d'un bâtiment gallo-romain. L'actuelle église Saint-Pierre datée du XVe siècle est bâtie sur les fondations de ce qui a été interprété comme une seconde villa gallo-romaine sur le territoire de la commune, édifice à la construction soignée, peut-être sur hypocauste. Les vestiges sont à 70 à 80 centimètres sous l'église. L'édifice religieux actuel conserve la même orientation que le bâtiment antique.
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Article Romain Charrier - 21/02/2017
Sources :
- Fouilles et étude de la Villa de Romegoux par Paul et Paulette Burgaud - 1936/1938
- MAURIN L. : Carte Archéologique de la Gaule, La Charente-Maritime 17 / 1, Paris, 1999, p. 236-238.
- Mémoire de Tristan VERSCHUERE - 2014 - Etude typologique et comparative avec la villa gallo-romaine de Saint-Saturnin du Bois - page 37
https://journals.openedition.org/rae/6217
http://romegoux.chez-alice.fr/romegoux_villaromaine.html
http://socgeo-rochefort.fr/publication.php
http://ch.lerolle.free.fr/eglises17/romegoux_eglise_saint-pierre.php
http://romegoux.chez-alice.fr/romegoux_eglisesaintpierre.html
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Ce blog est un média dédié à l'histoire de MEDIOLANVM (nom antique de Saintes), à l'actualité archéologique en Saintonge (et parfois au-delà) et de son peuple celte les SANTONES. Je ne suis ni archéologue, ni historien, juste un amateur passionné par ces sujets, vice-président de la Société d'archéologie et d'histoire de la Charente-Maritime. Les informations de ce site sont tirées d'ouvrages, de rapports de fouilles, de communiqués de presse, de conférences, de visites de chantiers archéologiques, de rencontres et d'entretiens avec des spécialistes.
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