L’archéologue Jean-Philippe Baigl avait restitué le résultat de ce chantier archéologique lors des Journées de l'Archéologie en juin 2018. Il a classé l'occupation du site en quatre périodes, une première entre -30 et -10 avec des fosses d'extraction d'argile pour la production de céramique, puis une zone artisanale augustéenne de -10 à +40, l'émergence d'un quartier résidentiel de 40 jusqu'au milieu du IIe siècle de notre ère, et enfin une zone funéraire du Bas-Empire jusqu'au Haut Moyen-Âge.

Un secteur artisanal augustéen

La découverte de trois fours de potiers et de ratés de cuisson au fond de la parcelle fouillée (en bordure du coteau), à 100m à peine d'autres fours découverts en 1971 (extension du cimetière Saint-Vivien), atteste d'une occupation artisanale intense sur la période augustéenne (-10 / +40). Ces ateliers ont produit de la céramique commune claire et de la terra nigra, une céramique fine, noire et lustrée que l’on retrouve en grande quantité sur les sites régionaux. L'habitat de cette période est en matériaux périssables, avec des empreintes de rondins de bois délimitant les murs, des élévations probablement en bois et torchis et des sols en calcaire damé.

Le quartier résidentielle du Haut-Empire

Quatre unités d’habitation maçonnées en dur voient le jour vers 40 de notre ère, avec murs à enduit peint coloré et sol de béton ou calcaire, avant d'être remaniés à la fin du Ier siècle, voire début du IIe. Les archéologues ont également trouvé trois bassins étanches, des caniveaux et trois puits, dont un en pierre de taille. L'îlot était bordé à l’ouest par le cardo maximus, la voie principale nord-sud qui reliait le forum aux thermes. Cette zone d'habitat est abandonnée au milieu du IIe siècle. 

Une zone funéraire du Bas-Empire au haut Moyen-Âge

A la fin du IIIe siècle, voire tout début du IVe, se développe une nécropole, avec 130 sépultures qui ont été mises au jour sur l'emprise de la fouille. Elles sont toutes à inhumation, la quasi-totalité tête orientée à l'ouest et avec très peu de mobilier funéraire. Ces éléments indiquent qu'il s'agirait d'une nécropole paléochrétienne en usage de l’antiquité tardive au haut Moyen-Âge (jusqu'au VIIe siècle). Toutes les catégories de la population sont représentées (nourrissons, enfants, adultes, femmes et hommes), deux enfants ont été découverts inhumés dans des amphores, dont une produite en Afrique. Les tombes du Bas-Empire sont pour la plupart en fosse, les sarcophages sont soit des cuves monolithiques massives et rectangulaires (caractéristique de l’antiquité tardive, fin du IVe siècle), soit de forme trapézoïdale (Haut Moyen-Âge, VIIe siècle). Le rare mobilier qui accompagne les défunts est le plus souvent composé de vases en céramique ou parfois en verre. Des bâtiments du haut Moyen-Âge ont été découverts, sans que leur usage n'ait pu être déterminé. L'archéologue précise que cette zone funéraire n'a pas de lien avec l'église Saint-Saloine car les tombes les plus anciennes sont situées au plus loin, sur le bord du coteau. Si elle dépendait de l'église, la nécropole se serait développée en premier lieu depuis l'édifice religieux, ce qui n'est pas le cas.

Article Romain CHARRIER - 23 février 2021

Sources : 

Fouilles de la rue Massiou à Saintes, JP Baigl, Inrap, 2013 

Conférence de Jean-Philippe Baigl pour les Journées de l'Archéologie le 16 06 2018, Salle Saintonge à Saintes

Photos © Inrap

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