Les aqueducs antiques de MEDIOLANVM

MEDIOLANVM (Saintes) s’est doté très tôt d’un réseau d’aqueducs pour alimenter les thermes et les fontaines publics. L’eau courante a été amenée à Saintes par trois aqueducs successifs. Les aqueducs sont étudiés par les érudits saintais depuis le XIXe siècle. Depuis 2003, les recherches ont repris sous la responsabilité de l'archéologue Jean-Louis HILLAIRET, avec l'aide de la Société d’Archéologie et d’Histoire de la Charente-Maritime et de ses bénévoles qui ont fouillé plusieurs sites permettant d’affiner les connaissances concernant ces aménagements hydrauliques ainsi que son tracé.

Le mot aqueduc est dérivé du latin aquae ductus, de aqua (« eau ») et de ductus (« conduire »). Un aqueduc est un ouvrage destiné à l'adduction d'eau pour la consommation d'une ville. Les aqueducs de l'antiquité utilisaient la force de la gravité pour acheminer l'eau. Les ingénieurs romains donnaient un léger dénivelé aux conduites pour que l'eau coule vers sa destination. La complexité de la réalisation de ces ouvrages était de passer une colline, en la contournant ou en creusant un tunnel, de même pour passer une vallée, en construisant un pont ou en utilisant un siphon. L'essentiel du parcours de ces aqueducs était souterrain. MEDIOLANM (Saintes) s’est doté très tôt d’un réseau d’aqueducs pour alimenter les thermes et les fontaines publics. L’eau courante a été amenée à Saintes par trois aqueducs successifs. 

 

Le premier aqueduc

 

Le premier aqueduc est probablement construit dans les années 20 avant notre ère (sous le règne d'Auguste), en même temps que la via d'Agrippa qui reliait Lyon à Saintes. Il alimentait en eau les 6000 à 8000 habitants de MEDIOLANVM. La source est à la Font-Morillon sur la commune de Fontcouverte. L’ouvrage réalisé en maçonnerie resta en service une cinquantaine d’années tout au plus. Le débit de ce canal était modeste : entre 3000 et 6000 m3 par 24 heures à l'état de neuf, mais le dépôt de concrétions calcaires le réduisit progressivement. 

Pour donner à la conduite une pente régulière, les romains construisirent de grands ouvrages d’art (plusieurs ponts, dont un de 62 arches et 400m de long, des mur-ponts, une galerie, un pont-siphon puis une canalisation à siphon entre deux châteaux d'eau pour traverser la vallée de la Charente).

 

Le deuxième aqueduc

 

L'archéologue Jean-Louis Hillairet et son équipe de la SahCM ont découvert un troisième aqueduc en 2010. Il a été construit au IVe siècle de notre ère, au-dessus du premier mais avec une technique moins sophistiquée. Les "invasions barbares" étant passées par là au IIIème siècle, les ingénieurs possédant la technique ayant disparus et les moyens financiers étant moins importants (MEDIOLANVM n'était plus capitale), ce troisième ouvrage est réalisé en moellons de pierre liés à la terre. 70 mètres de ce nouvel aqueduc dont l’existence n’était pas soupçonnée jusque-là ont été dégagés par les fouilleurs. 

La découverte la plus récente et celle d'une possible quatrième source alimentant le premier aqueduc, au nord de la Font-Morillon, la Font de l'Echalle dans le vallon des Pendants.

Certains vestiges des aqueducs antiques de Saintes sont classés "Monument Historique" depuis le 8 août 1990. L'aqueduc dans son intégralité est classé au titre des Monuments historiques depuis 2011.

 

Trois types de situation sur le trajet des aqueducs de Saintes

 

► En souterrain, des tunnels permettant de traverser les collines sont creusées dans la roche. La canalisation est aménagée avec un béton antique moulé recouvert d'un enduit d'étanchéité (lien diaporama du tunnel n°4 des aqueducs de Saintes).

► En tranchée, en suivant les courbes de niveau du terrain, en pierre de taille et recouvert d'une voute en plein cintre pour le premier aqueduc, en béton antique moulé recouvert de dalle de couverture taillée pour le deuxième aqueduc.

► En aérien, il existait une multitude d'ouvrages, un mur-pont de 100m de long franchissant un ravin au lieu-dit la Grimauderie ; un pont-canal de 147m de long et 16m de haut, dont les piles à arches sont toujours visibles au golf de Fontcouverte dans le Vallon des Arcs ; un autre pont de plus de 400m de long pour franchir un ruisseau et sa vallée à Hautmont ; le pont-siphon de la Berlingue pouvant atteindre les 200m, croisant la voie d'Agrippa et allant vers l'ouest pour alimenter la cité en eaux.

 

L'aqueduc arrivait à MEDIOLANVM (Saintes) par l'est, passait par le vallon de la Berlingue au-dessous de l'avenue Jourdan (où ont été retrouvés des vestiges lors des fouilles de ce vallon), puis partait en siphon entre deux château d'eau de chaque côté de la vallée de la Charente. Les canalisations de plomb devaient longer la via d'Agrippa, passaient sous le Haras National, devaient remonter les rues Saint-Pallais et de l'Arc de Triomphe, puis le lit de la Charente pour remonter sur la rive gauche jusqu'au château d'eau de réception que l'archéologue place par hypothèse au niveau de la Banque de France.

 

Article Romain Charrier - Maj 11/04/2016 - Rédigé d'après les études de l'archéologue Jean-Louis HILLAIRET, projet collectif de recherches - Les aqueducs de Saintes, Dix années de 

recherches sur les aqueducs antiques de Mediolanum 2003/2013 - Société d'archéologie et d'histoire de la Charente-Maritime - Fouilles du Vallon de la Berlingue LECAT Zénaïde 2012 - Saintes

Sources : http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/merimee/PROT/PA00105313_DOC.pdf       

http://www.fontcouverte17.fr/aqueduc-173.php  

http://www.persee.fr/doc/galia_0016-4119_1968_num_26_1_2494     

http://www.saintes-tourisme.fr/fiche/detail/330592

http://www.hades-archeologie.com/operation/le-vallon