Les thermes dits de Saint-Saloine

Les vestiges des thermes dits de Saint-Saloine sont situés au nord de la cité antique de MEDIOLANVM (Saintes). A son apogée, la capitale de la Gaule Aquitaine comptait probablement de nombreux établissements thermaux. Les vestiges retrouvés au bord du coteau Saint-Vivien à la fin du XVIIIe siècle, correspondent à une partie de l’un d’entre eux. Ils ont été bâtis dans le troisième quart du Ier siècle de notre ère sous les Flaviens, édifié sur les fondations d'un quartier artisanal un peu plus ancien, dans une deuxième phase d'extension du tissu urbain de la ville antique. Ces thermes sont de dimensions modestes (moins d’un hectare). Le CARDO MAXIMVS (rue principale d'orientation nord/sud) longeait les thermes et devait les relier au FORVM situé au centre de la cité.

Les fouilles ont mis au jour la partie chauffée de cet établissement de bains publics. Les vestiges aujourd'hui visibles seraient ceux d'une piscine chauffée, grande pièce avec un bassin rectangulaire, bordée au sud par un mur de soutènement composé des niches en cul-de-four (photo ci-dessus). Les pilettes d’hypocauste (système de chauffage par le sol) et les tubuli (conduits d’air chaud intégrés aux murs) autrefois signalés, ont aujourd'hui disparu. Le praefurnium a été identifié à côté de ce bassin. Le frigidarium (les bains froids) est en parti sous la route qui surplombe les thermes, la palestre serait située sous le cimetière Saint-Vivien contigu. Le système d’alimentation en eau des thermes reste encore inconnu. La construction des thermes daterait du troisième quart du Ier siècle de notre ère (sous les Flaviens) et serait contemporain de la construction du deuxième aqueduc de la ville.

 

La façade monumentale des thermes

 

Exposée plein sud pour favoriser le maintien de la chaleur, la façade devait être visible depuis le pont romain qui permettait au CARDO MAXIMUS de traverser le vallon de Saint-Saloine que bordaient les thermes. Il ne reste aujourd'hui que la base de ce mur massif, composé de niches en cul de four (en forme de quart de sphère), alternativement semi-circulaires et quadrangulaires. Ces niches sont interprétées comme des fontaines publiques par le professeur d'archéologie Alain Bouet, spécialiste des thermes et de l'architecture romaine. Elles pourraient être aussi des niches de soutènement de la façade massive. Elles auraient été bâties dans une seconde phase de construction de l’établissement thermal, durant la première moitié du IIe siècle.

 

Le plan des thermes dits de Saint-Saloine

 

Les archéologues ont essayé de restituer le plan de ces thermes en interprétant le rôle des salles mises au jour et en extrapolant pour les zones non fouillées par comparaison avec les plans d’autres thermes comme ceux de Barzan. Mais des observations récentes dans le cimetière Saint-Vivien lors d’excavations de tombes en fin de concession remettent en question certaines hypothèses. En effet, il était acquis que la palestre se trouvait sous le cimetière Saint-Vivien, mais le nettoyage d’anciennes tombes a permis d’observer des fondations de murs et de niches. Ce secteur devait donc abriter d'autres salles insoupçonnées jusque-là. Seules des fouilles permettraient d’en savoir plus sur les vestiges de cette zone.

 

Plan des thermes de Saint Saloine - Relevés et DAO Jean-Louis Hillairet - 2016

Les phases d'occupations du site

 

► Ce lieu a été aménagé dans un premier temps à l'époque augustéenne (fin du Ier siècle avant et début du Ier siècle de notre ère) abritant une importante zone d'activité artisanale (métallurgie, céramique, verrerie, travail de l'os).

► Puis le quartier a été urbanisé à l’époque flavienne, dans le troisième quart du Ier siècle de notre ère, avec l'édification du complexe thermal entouré de DOMVS (des maisons individuelles plutôt luxueuses). Les thermes seront réaménagés dans la première moitié du IIe siècle avec entre autre la construction des niches de soutènement en façade.

► Dans la seconde moitié du IIe siècle, MEDIOLANVM perd son statut de capitale, de nombreux quartiers sont progressivement abandonnés au cours du IIIe siècle (dont probablement les thermes de Saint-Saloine), puis la ville se retranche derrière de nouveaux remparts au tout début du IVe siècle.

► Le secteur des thermes est converti en nécropole à partir de la fin du IIIe siècle et jusqu'au VIIe siècle (de nombreux sarcophages sont découverts lors des différentes fouilles archéologiques). Un petit sanctuaire paléochrétien, une église primitive ou une basilique funéraire en lien avec la nécropole et dédiée à Saint-Saloine, est alors installé dans les anciens thermes. A proximité immédiate a été mis au jour en 1987 une grande salle avec un pavement de mosaïque daté de la fin du IVe ou du début du Ve siècle. Cette mosaïque, probablement en lien avec le sanctuaire paléochrétien, est un dessin géométrique sophistiqué, couvrant une surface totale de 48 m², dont 15m² ont pu être restaurés. Cette église était ruinée au XVIe siècle et fut rasée au XVIIIe.

 

Le site des thermes dits de Saint-Saloine est classé au registre des Monuments Historiques en mai 1904.

Article Romain CHARRIER - MAJ 27/04/2016 - MAJ 25/03/2020

 

Sources : Les thermes Saint-Saloine à Saintes (Charente-Maritime) et leur fontaine monumentale - Alain BOUET - 2006

Bulletin n°42 de la Société d'archéologie et d'histoire de Charente-Maritime - Jean-Louis Hillairet - 2015

Histoire de l'Aunis et de la Saintonge - Louis Maurin - Des origines à la fin du VIe siècle - 2007

Conférence d'Alain Bouet, professeur d'histoire et d'archéologie à l'Université Bordeaux Montaigne, le 8 février 2020, Salle Centrale à Saintes

Informations extraites des études de l'archéologue Jean-Louis HILLAIRET, projet collectif de recherches - Les aqueducs de Saintes, Dix années de recherches sur les aqueducs antiques de Mediolanum 2003/2013 

http://nicolebertin.blogspot.fr/2015/06/thermes-gallo-romains-de-saintes-au.html