Fouilles archéologiques
Vesunna : Ses vestiges et son musée
Après l'occupation gauloise sur un oppidum dominant la vallée de l'Isle, la ville antique de Vesunna a été fondée à la toute fin du Ier siècle avant notre ère, dans une boucle de cet affluent de la Dordogne. Cette capitale de la cité des Pétrucores se développera sur une soixantaine d'hectares jusqu'au IIIe siècle de notre ère. Le nom de la ville reprend celui d'une divinité gauloise indigène et protectrice. De nombreux vestiges sont conservés dans Périgueux et un impressionnant musée expose ses richesses.
Par Romain CHARRIER - Publié le 5 septembre 2021
Maquette de la cité antique de Périgueux présenté dans le musée Vesunna © R.C.
Vesunna, capitale de cité
Quand l’empereur Auguste créé la province Aquitania vers 16 avant notre ère, il la divise en 21 cités, dont celle des Pétrucores (Civitas petrucoriorum). Vesunna en sera le chef-lieu, du nom d’une divinité vernaculaire et protectrice. La capitale de cité se développera sur une soixantaine hectares dans un méandre de l’Isle, un affluent de la Dordogne, respectant le quadrillage orthonormé exigé par l'urbanisme romain. La ville s'agrandi rapidement dans les années 40 de notre ère, jusqu'au milieu du IIe siècle. Puis à la fin du IIIe siècle, elle se renferme derrière des remparts sur à peine 7 hectares.
La domus du musée de Vesunna
Découverte en 1959, cette vaste domus gallo-romaine a été étudié dès 1960. Elle date du milieu du Ier siècle de notre ère (probablement sous l'empereur Claude) et a connu plusieurs états de construction, avec des agrandissements et embellissements vers la fin du Ier siècle, le milieu du IIe, puis courant du IIIe siècle, jusqu'à son abandon à la toute fin de ce même siècle. Au plus fort de son évolution, elle comptera deux péristyles, deux bassins, de nombreux puits, des salles de réception, dont une grande d'apparat, un balnéaire et d'autres salles chauffées. De nombreuses peintures murales ont été découvertes, dont une grande fresque représentant les jeux de l'amphithéâtre tout proche. Ses propriétaires ne sont pas identifiés, mais la richesse des vestiges mis au jour pourraient faire penser à une des plus riches familles de l'aristocratie de Vesunna.
Savant mélange de muséographie avec des collections présentées en mezzanines et réparties sur un parcours autour des vestiges de cette domus prestigieuse de Périgueux, le musée de Jean Nouvel créé en 2003 comporte un haut plafond reproduisant le plan des vestiges, avec une architecture audacieuse permettant à la fois de protéger et de révéler les ruines aux regards de notre époque. Les hautes parois vitrées permettent une vue à la fois sur le parc de la Tour de Vésone et sur les remparts du bas-empire.
Un des plus grands amphithéâtres de Gaule
L'amphithéâtre aurait été en construction autour des années 40 de notre ère, dans la partie nord de la ville. Il est financé par la famille Pompeia, probablement commencé dès le règne de Tibère. Il est l'un des plus grands de Gaule avec ses 140m x 116m, sa capacité est de 18000 places, entièrement en structure creuse, contrairement à celui de Saintes. Il sera incorporé au rempart du bas-empire, servant de bastion. Ses vestiges et sa forme sont encore visibles dans le jardin public des arènes aménagé au XIXe siècle dans les vestiges. Les premières fouilles de l'édifice de spectacle remontent au XIXe siècle, d'abord en 1821 puis en 1877. De nouvelles études ont lieu en 1963 et 1982 par le CNRS. Le principal des vestiges se cache sous plusieurs mètres de remblais et n'a jamais été mis au jour. De nombreuses représentations de gladiateurs et d'animaux du cirque ont été retrouvées en ville, en particulier une fresque dans le péristyle de la domus du musée, mais aussi dans le forum.
La tour monumentale de Vésonne
Cet édifice est la cella du temple qui était bâti au début du IIe siècle de notre ère au milieu d'un vaste sanctuaire situé à côté du forum de la ville antique de Périgueux. Ces vestiges hauts de 24 mètres pour 17 mètres de diamètres, étaient entourés d'une galerie à colonnade accessible par un escalier monumental. La cella devait abriter une statue de Vesunna, la divinité gauloise tutélaire et protectrice des Pétrucores. La brèche à l'est de la tour correspond à la porte et au pronaos situé devant. Les murs intérieurs et extérieurs étaient recouverts par des plaques de marbre collées par un mortier rose encore visible par endroit.
Les remparts du bas-empire
Fin du IIIe siècle, après une période de récession et peut-être de troubles, Vesunna s’est resserrée dans un rempart au nord de la ville antique, fortification d'à peine un kilomètre de long sur tout juste 7 hectares, mais agrémenté de 23 tours (dont certaines bases sont aujourd'hui conservées) et 4 portes aux 4 points cardinaux. La fortification fait 6 à 8 mètres d'épaisseur et sa hauteur est estimée à une dizaine de mètres. Elle englobe alors l'amphithéâtre, permettant une conservation de l'édifice de spectacle. Les autres monuments de la ville antique sont démantelés et les blocs de pierre sont réemployés pour la construction de cette nouvelle parure monumentale. Ces lapidaires sont encore visibles à plusieurs endroits, le long du chemin de fer et sur la rue romaine. Les pierres de la façade extérieure du rempart sont retaillées pour obtenir un appareillage lisse, mais on peut encore observer les fûts de colonne, chapiteaux et corniches sur l'intérieur de la façade du mur, du côté de la rue romaine. En même temps que la construction des remparts, comme la plupart de ville antique, et sans doute sous l'influence de la christianisation, Vesunna perd son nom d'origine pour s'appeler dorénavant Civitas petrucoriorum, reprenant le nom des Pétrucores. C'est ce nom qui évoluera au fil des siècles vers Périgueux.
Article Romain CHARRIER - 5 septembre 2021
Source : Visite du musée de Vesunna et des vestiges antiques de Périgueux le 3 septembre 2021.
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