Fouilles archéologiques
Site de Broue : Les nouvelles connaissances sur le site castral
On connaît de Broue les vestiges de sa tour maîtresse romane dominant le marais de Brouage à Saint-Sorlin (17), mais comment était bâti l’ensemble du promontoire ? C’est l’objet des études archéologiques menées depuis 2015, d’abord par des sondages archéologiques répartis sur l’ensemble du site castral, puis depuis l’année dernière par la fouille d’une parcelle de 1000 m². L'étude est dirigée par les archéologues Eric Normand, chercheur et de membre du Centre d’études supérieures de civilisations médiévales de l’université de Poitiers et responsable du Service Régional d’Archéologie, et Alain Champagne, maître de conférences en archéologie médiévale à l’université de Pau et des Pays de l’Adour, dans le cadre d’un Programme collectif de recherches sur l'histoire des marais.
Par Romain CHARRIER - Publié le 25 août 2020
Conférence "Vie quotidienne au Moyen-Âge sur le site de Broue", par d'Eric Normand le 31 juillet 2020 sur les résultats des fouilles archéologiques du site de Broue
La tour maîtresse romane, volontairement ostentatoire, montrait la puissance du conte propriétaire des lieux. Elle a été construite au milieu du XIe siècle, pour contrôler la production et le commerce du sel et du vin au Moyen-Âge. Le site castral est une création des contes d'Anjou (peut-être Geoffroy Martel), avant d'avoir été cédé aux contes d'Aquitaine. Une famille était chargée de garder le site contal, devenant la seigneurie lignagée de Broue. Elle durera jusqu'à la fin du XIIIe, où elle déclina faute d'héritiers. Le site est ensuite cédé entre autre aux seigneuries de Tonnay-Charente, puis de Rochefort et sera finalement abandonné à l'issue de la Guerre de 100 ans à la fin du XIVe.
Le logis seigneurial et la chapelle castrale
Les diagnostics archéologiques de 2015 à 2018 ont permis d'avoir une vue d'ensemble sur l'occupation de la basse-cour du site castral, identifiant des bâtiments en matériaux périssables (essentiellement à vocation artisanale), des voies de circulation et une grande place avec dépotoir. Des prospections géophysiques ont également permis de positionner le port qui semble être en contrebas de la tour maîtresse, côté nord du promontoire. Mais ces diagnostics ont surtout aidé de déterminer l'emplacement le plus pertinent à fouiller pour la deuxième phase de l'étude : le logis seigneurial et la chapelle castrale.
Les fouilles programmées ont débuté à l'été 2019 sur une surface de 1000m², mettant au jour le logis seigneurial et la chapelle castrale du site. La fouille s'est d'abord concentrée sur le logis de la seigneurie lignagée de Broue, avec le dégagement d'un bâtiment rectangulaire de 11m par 18m, comportant un rez-de-chaussé voûté et au moins un étage d'habitation avec des ouvertures (une partie de fenêtre est conservée sur un mur encore en élévation). Le mobilier archéologique mis au jour lors de la fouille confirmerait l'usage aristocratique du bâtiment (une intaille antique remployée, une bague, une flûte, des fragments de cors et trompes de chasse en céramique, un grelot, des clés, des éperons, etc). Un carreau médiéval et un fragment de mosaïque ont également été mis au jour. Le logis présente cinq états de construction qui s'étale du XIe au XIVe siècle, avec le rajout d'une extension servant probablement de cuisine et s'appuyant sur le chœur de l'église.
L'autre découverte de 2019 est celle de la chapelle castrale de la haute-cour, un long bâtiment de 10m sur 22m, orienté est-ouest, avec le chœur à l'est et ayant conservé son autel. Les fouilles reprennent en ce moment, pour deux semaines.
Article Romain CHARRIER - 25 août 2020
Source : Conférence de l'archéologue Eric Normand sur le site de Broue le 31 juillet 2020.
Fouille programmée triennale sous la direction d'Éric Normand et d'Alain Champagne
https://la.charente-maritime.fr/actualites/tour-broue-coffre-fort-du-sel
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